- TUNISIE - Actualité (1990-1996)
- TUNISIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique tunisiennePolitique intérieureLe 28 août 1992, le tribunal militaire de Tunis rend son verdict à l’égard des auteurs de l’obscur «complot» islamiste contre le régime, révélé en mai 1991 par le pouvoir: 35 des 171 membres du mouvement clandestin Ennahdha sont condamnés à la prison à vie, dont le chef du mouvement, Rached Ghannouchi, réfugié à Londres. Le 30, un verdict d’une sévérité comparable est rendu par le même tribunal dans le procès des «commandos du sacrifice» de Habib Lassoued, organisation islamiste devenue la branche militaire du mouvement Ennahdha: 11 des 108 inculpés d’atteinte à la sûreté de l’État sont condamnés à des peines de prison à vie. Amnesty International et certains observateurs étrangers dénoncent l’irrégularité des procédures et le recours à la torture. Les Tunisiens restent dans leur majorité indifférents aux procès.Le 20 mars 1994, le président Zine el-Abidine ben Ali, candidat unique à l’élection présidentielle, est réélu avec 99,91 p. 100 des voix; il était soutenu par l’ensemble de la classe politique. Le Rassemblement constitutionnel démocratique, son parti, remporte la totalité des 144 sièges à pourvoir au scrutin majoritaire. À la suite d’une réforme du code électoral, 4 autres formations se partagent, à la proportionnelle, les 19 sièges réservés à l’opposition légale. Le taux de participation est de 93 p. 100. Le contrôle étroit de la vie politique, que ces résultats illustrent, est justifié par la menace des islamistes, qui n’étaient pas représentés lors des élections.Le 24 mars, l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Moncef Marzouki, qui avait vainement tenté de se présenter à l’élection présidentielle, est arrêté et poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public et diffamation des autorités judiciaires.Le 24 janvier 1995, à l’occasion d’un remaniement ministériel, le ministre de l’Intérieur Abdallah Kallal, qui incarne la répression anti-islamiste, est remplacé. Toutefois, son successeur ne renonce pas à la politique de fermeté en vigueur depuis plusieurs années, qui s’applique souvent aux dépens des libertés.Le 9 octobre, Mohamed Moada, principale figure de l’opposition, est arrêté. Dans un mémorandum adressé le 21 septembre au chef de l’État, il avait dénoncé le caractère «hégémonique et dominateur» du Rassemblement constitutionnel démocratique au pouvoir. Il est le premier dirigeant de l’opposition non islamiste à subir ce sort.Le 28 février 1996, le tribunal criminel de Tunis condamne Mohamed Moada à des peines cumulées de 11 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État.Vie économiqueEn 1990, les objectifs de rééquilibrage du budget et de la balance des paiements étant atteints, le gouvernement renonce, le 15 mai, à une partie des crédits du F.M.I. pour le financement de son plan de redressement. C’est une décision unique dans les annales du F.M.I.En 1991, l’économie est affectée par la crise du Golfe, principalement dans le domaine des investissements, du tourisme et des transports. Une reprise intervient cependant en juillet.Une récolte céréalière record permet d’enregistrer un excédent alimentaire, pour la première fois depuis 20 ans.Le 4 mai 1992, le gouvernement présente le VIIIe plan pour la période 1992-1996. Ce plan met l’accent sur les privatisations et sur l’investissement privé, alors que le précédent avait été principalement orienté vers la libéralisation des échanges extérieurs et l’instauration d’une économie de marché.En 1993, la Tunisie est affectée par la vague de chaleur qui s’abat en juillet sur le Maghreb. Les cultures maraîchères, l’arboriculture et l’aviculture sont particulièrement touchées. La récolte de céréales est relativement épargnée. Cet épisode souligne la fragilité d’une économie souvent citée en exemple pour l’Afrique du Nord.En 1994, l’économie tunisienne enregistre de bons résultats dans tous les secteurs. Des mesures d’incitation adoptées à la fin de 1993 provoquent un afflux de capitaux étrangers.En 1995, la Tunisie achève son programme d’ajustement structurel entamé en 1986, en libéralisant la dernière tranche de son commerce extérieur. La part de l’agriculture dans la production décline tandis que celle des industries de transformation augmente. La mise en exploitation du gisement de gaz de Miskar, dans le golfe de Gabès, doit compenser le déclin de l’exploitation pétrolière.En 1996, la croissance progresse fortement, principalement en raison des bons résultats du secteur agricole. L’inflation diminue, le déficit budgétaire est réduit. Mais ces résultats cachent le ralentissement de l’activité de certaines branches industrielles, dû notamment au manque d’investissement, tant interne qu’étranger.Relations internationalesLe 27 avril 1990, la Tunisie devient membre de plein droit du G.A.T.T., au sein duquel elle avait depuis plus de 30 ans un statut provisoire.En janvier 1991, des manifestations pro-irakiennes se multiplient en Tunisie, comme dans les autres pays du Maghreb, pour protester contre le déclenchement de la guerre du Golfe: la France est particulièrement critiquée.Le 14 janvier, Abou Iyad, bras droit de Yasser Arafat et chef des services de sécurité et de renseignements de l’Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.), est assassiné avec 2 autres dirigeants palestiniens, à Carthage, près de Tunis. L’assassin est un Palestinien transfuge du Fatah-Conseil révolutionnaire, groupe dissident hostile à Yasser Arafat, dirigé par Abou Nidal et basé à Bagdad. Cofondateur avec le chef de l’O.L.P. du Fatah, la principale composante de l’organisation palestinienne, Abou Iyad était considéré comme un réaliste modéré.À partir de mars 1994, plusieurs médias étrangers sont interdits de diffusion en Tunisie (dont Le Monde et Libération ).Le 2 octobre, Tunis décide l’ouverture d’un bureau d’intérêts à Tel-Aviv, dans les locaux de l’ambassade de Belgique. Israël fait de même à Tunis.Le 11 février 1995, l’attaque du poste frontière de Tamerza par un commando du Groupe islamique armé (G.I.A.) algérien cause la mort de 7 militaires tunisiens. L’opération est présentée par le G.I.A. comme une mise en garde contre la répression des islamistes en Tunisie.Le 17 juillet, la Tunisie, qui réalise 80 p. 100 de ses échanges commerciaux avec l’Allemagne, la France et l’Italie, est le premier pays du sud de la Méditerranée à signer un accord d’association avec l’Union européenne.Les 5 et 6 octobre, le président français Jacques Chirac se rend en visite en Tunisie où il rend hommage à la politique du président Zine el-Abidine ben Ali en faveur de «la modernisation, de la démocratisation et de la paix sociale».
Encyclopédie Universelle. 2012.